Lydia
Crish…crish…
Augustin se redresse. Il est au milieu des maïs, au bord du marais. Ca piète devant lui.
- Lydia ?
Pas de réponse. Lydia, la belle Lydia. Souvent, elle vient l’épier ici où il aime méditer. Depuis deux crues, elle ne le quitte plus d’une semelle. Au départ, il ne lui prêtait aucune attention, trop absorbé par son labeur et par son initiation auprès de Myriam, trop préoccupé par ses chimères et ses ombres.
Mais depuis une crue, Augustin ne parvient plus à dompter cette force qui bouillonne au bas de son ventre. Cette impulsion qui s’éveille dès qu’il voit Lydia. La belle Lydia. Avec cette force vitale, pleine de sucre, qui anime ses lèvres et son avant-cœur. Comme les arbres gorgés de sève.
Augustin a la taille de son père maintenant, des épaules larges, presque une charpente d’homme. Il a dépassé Paul et commence à se raser les poils du menton. Il a dix huit ans. Malika le hante toujours. Il la sent si présente. Quand le vent se lève, il a souvent l’impression d’entendre sa voix.
« Au…gu…stin…».
Quand il devine une silhouette passer entre les taillis, il murmure son nom. Quand il contemple le firmament, il essaie de se rappeler son regard. Une nostalgie profonde l’accable, lui donne envie de pleurer. Ce sentiment de rester un être incomplet, à qui il manque sa moitié, l’étreint toujours.
Crish…Crish…
« Lydia, te dévoileras-tu ? »
Augustin rouvre sa main sur le chapelet qui ne le quitte jamais. Quatre-vingt-cinq entailles. Quatre-vingt-cinq lunes, sept crues sans son aimée. Est-elle encore de ce monde ? Aucune nouvelle, aucun indice depuis six ans. Théo ne la cherche plus depuis belle lurette. Augustin soupire.
« Pourquoi se tourmenter ? Lydia, tu es là si fraîche, si vivante. Toujours prête à m’écouter, à m’observer, à m’admirer. »
Depuis une crue, il ne peut s’empêcher de la regarder, de la désirer, tout en n’éprouvant qu’un soupçon de tendresse pour elle. Avec le retour de la chaleur, depuis quelques jours, du matin au soir, du soir au matin, son désir le consume. Comme un lion ne demandant qu’à rugir.
Depuis deux lunes, Lydia et lui affectent chacun de croiser la route de l’autre par hasard. Ils se reniflent. Elle lui parle toujours à voix basse, l’obligeant à se rapprocher. Dès qu’il se penche vers elle, elle presse ses seins contre son bras. Lui, parfois laisse sa main effleurer sa croupe. Elle sourit. Pris d’une irrésistible érection, il part ensuite se réfugier au milieu des joncs pour épuiser ce trop plein de vitalité qui lui chatouille les entrailles. Au besoin, il ramasse une pleine poigne de fange pour se soulager dedans. Mais depuis qu’à la dernière lune, une araignée lui a piqué la verge, il prend garde.
*
La semaine dernière, à la fin d’une veillée, Lydia a posé ses lèvres sur les siennes avant de s’enfuir. Depuis, la nuit, il se réveille, sa couche maculée d’une laitance épaisse.
Crish…Crish…
Les piètements. Encore Lydia ? Augustin n’ose l’appeler de peur de la compromettre. A Konios, qui croque la pomme passe devant Achille, le prêtre. Est-il prêt ? Epouser Lydia, ne serait-ce pas renoncer à ses illusoires retrouvailles avec Malika ? Si cette dernière resurgit un jour, ne se damnera-t-il pas pour l’éternité ?
Crish…Crish…
Ca piète encore. Augustin glisse le chapelet dans sa poche. Plus un bruit.
« Lydia ? Es-tu partie ? A peine se dit-il cela qu’il le regrette.
Crish…Crish…
- Lydia ?
Cette fois, il l’appelle.
Le rideau de maïs s’ouvre devant lui. Oui, c’est elle. Elle lui apparaît, baignée par une aura de lumière. Avec sa peau ambrée, ses cheveux dorés, ses yeux noirs et brillants, ses lèvres souriantes, plus douces que des quartiers de mangue. Elle s’approche. Sa gorge ronde comme la lune tend sa galabaya bâillante.
Augustin se lève, flageolant, des fourmis plein les jambes.
« Lydia ? Je ne peux pas, je ne dois pas, je ne te mérite pas… », se répète-t-il plus elle s’approche. Sans un mot, elle lui prend la main et vient se lover contre lui. Il la laisse se fondre au creux de son épaule. Il lui caresse les cheveux tout en lui embrassant le cou. Elle abandonne un soupir. Leurs lèvres s’attrapent. Tendre et avide à la fois, habile et maladroit, il promène ses mains le long de ses hanches, les laisse glisser sur sa croupe, la pétrit. Il lui caresse les seins, finissant par les faire déborder. Il s’incline et, avec sa bouche, happe son large téton, belle auréole mate et touchante. Il l’embrasse, le suce, le tête, l’engloutit. Une bouchée de fruit mûr.
- Doucement, murmure Lydia, en lui retenant la tête avec la délicatesse d’une prêtresse enserrant un vase sacré.
Elle se laisse alors glisser vers le sol en attrapant Augustin à la taille. Il s’agenouille. Elle s’allonge sur le dos et, avec la souplesse de Papyrus, écarte les jambes.
Il se glisse entre ses cuisses, tendres comme de la pâte à pain. Il la couvre de baisers.
A peine son sexe tendu et bouillonnant effleure-t-il la toison de Lydia, que sa sève jaillit.
- Tu es vierge ? lui fait-elle au creux de l’oreille.
Il se resserre contre elle.
*
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