Le jugement
« Ce soir, je meurs ».
Terrorisé comme son frère, Augustin est blotti avec Paul contre Hélène, leur mère. Jean, leur père, vient de pénétrer dans la hutte, la mine grave. Il revient de chez le cadi de Louxa, en amont du fleuve.
Augustin referme ses doigts sur le chapelet de Malika.
Trois lunes se sont écoulées depuis sa disparition. Chaque soir, il fait un nœud entre deux noyaux de dattes. Quatre-vingt dix nœuds. Déjà. Plus que dix jours et il atteint la corne. Le Centième Nom de Dieu.
« Serai-je encore de ce monde ? » se dit-il en sondant son père.
Jean s’éclaircit la gorge et dit :
- Oussama et Marjane (les parents de Malika) ont réclamé le prix du sang.
Une vie pour une vie. C’est la loi. Malika était sous la garde de Paul et d’Augustin. Le prix du sang ? C’est Paul ou lui. Musulman autant que dhimmi, copte ou juif, le cadi a toujours jugé chacun en toute équité. Sa sentence s’applique à tous.
Augustin écrase maintenant le chapelet dans sa main. Les quatre-vingt-dix-neuf noms. Il les connaît par cœur. Mieux qu’un musulman, il se les récite deux à trois fois par jour, sans oublier pour chacun d’entre eux d’y ajouter un nom à l’attention de Malika : « Ma Lune, Ma Fleur, Mon Espoir… »
A travers la porte, Augustin regarde dans le firmament l’astre bleu, l’œil de la Méduse selon Myriam et Théo. Celui d’où serait tombé le diamant des Fatimides et qu’Al Hakim porte aujourd’hui sur son turban. Pour la millième reprise, il l’interroge.
« Malika, où es-tu ? S’il me suffisait de découvrir la tête de la Méduse, dussè-je y laisser ma raison ou ma vie, pour que tu reviennes ! »
*
La semaine dernière, quand Théo est rentré de Fustat, après une lune d’absence, Augustin espérait encore. Il a accouru à sa rencontre. La mine contrite, Théo, lui a posé la main sur l’épaule, sans rien dire.
Comme il l’a promis à Augustin, Théo s’arrête depuis trois lunes de village en village. A Fustat, il a écumé les places et les bazars, les canges et les bouges. Marchands d’esclaves, faiseurs d’eunuques ou d’estropiés, tenanciers de maison de joie et de caravansérail, conducteur de caravane… Il a interrogé tout le monde, fouiné partout. Rien. Il l’a juré. Malika est introuvable.
Quand il réapparait, Théo n’a que de nouvelles frasques d’Al Hakim à raconter.
« Firman après firman, Fustat continue à verser cul par dessus tête, dit-il. Les sains d’esprit se réfugient maintenant dans les asiles, pour échapper aux colères d’Al Hakim. Au bimaristan de l’Ibis, dans le quartier de la Perle, on a fini par chasser les fous, pour y loger les personnalités les plus en vue : émirs et bourgeois, artistes et savants, tel l’ingénieur Al Hazem qui a échoué à réguler le débit du Nil. A force de perdre ses meilleurs conseillers, Al Hakim finit lui-même par leur rendre visite sur place. »
Et Malika ? Rien. Pas un indice.
*
Augustin n’espère plus. Jean se racle la gorge et parle.
- Le cadi nous donne sept crues.
Hélène, Paul et Augustin soupirent de soulagement. Jean détaille le jugement : contre le prix du sang, ils pourront racheter la vie de Malika à ses parents. Mille dhirems. Si à la fin de la septième crue, la somme n’est pas versée, Paul ou Augustin devra périr.
Dès ce jour, plus personne ne prononce le nom de Malika.
*
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C'etait juste un hmogame a Imposimato, avec un jeu de mot en rapport avec Impossible n'est pas Francais .Faut vous reveiller Bien sur qu'il est italien, avec un nom pareil
Rédigé par : Erol | vendredi 24 fév 2012 à 19h43
Jusqu' alors le dgouaile avec les communistes n'etait pas completement ferme , mais a present l' huma entre dans le vif du sujet , je pense que bientop nous allons etres majoritaires dans le Monde .
Rédigé par : Shreya | samedi 25 fév 2012 à 02h47