L'Espace Cortambert
a le plaisir de vous inviter à assister à
La Première vente de Bande Dessinée
chez Sotheby’s, à Paris
Le mercredi 4 juillet 2012
Moebius. Couverture de l’album La Déviation (Humanoïdes Associés, 1980)
Pour sa première vente aux enchères de bande dessinée, qui aura lieu le 4 juillet à Paris, Sotheby’s pro-pose un catalogue sélectif d’une centaine de dessins exécutés par les artistes les plus emblématiques du 9e art, du début du XXe siècle à la génération contemporaine. Allant du début du XXe siècle à nos jours, c’est une certaine idée de l’histoire de la Bande Dessinée qui est envisagée ici dans ses rapports aux arts plastiques, puisque des tableaux seront également proposés à la vente.
Parmi les pièces majeures signalons :
- Moebius, auquel cette vente est dédiée, Couverture de l’album La Déviation (Humanoïdes Associés, 1980) (estimation: 45 000-55 000 €).
- Un dessin pleine page à l’encre de Chine et la mise en couleurs originale du Crabe au pince d’or d’Hergé, vers 1940 (estimation : 235 000-250 000 €)
- La planche la plus emblématique de L’étoile mystérieuse d’Hergé avec le prophète Philippus prédisant la fin du monde, 1942 (estimation: 220 000-240 000 €)
Selon Guillaume Cerutti, Président-directeur général Sotheby’s France et vice-président Sotheby’s Europe : « Il était écrit que la plus ancienne des maisons de vente aux enchères du monde, Sotheby’s, organise un jour une vente aux enchères dédiée au plus récent des arts, la bande dessinée !
Nous organiserons cette vente avec les ambitions et les exigences traditionnelles d’une maison comme Sotheby’s : un événement de dimension internationale, avec un choix d’œuvres en vente extrême- ment sélectif, et en nous appuyant sur l’expertise d’un spécialiste reconnu, Jean-Marc Thévenet ».
Selon Jean-Marc Thévenet, expert de la vente : « La composition de cette vente s’est articulée autour d’une conviction, la bande dessinée est devenue un art à part entière. À travers les lots réunis, c’est un certain regard sur le 9ème art qui est posé : de cette “littérature en estampes” comme aimait à dire dès les années 1830 Rodolphe Töpffer, le créateur reconnu de la bande dessinée, à Hergé, Franquin, Moebius, Enki Bilal ou la jeune génération pour laquelle la frontière graphique entre bande dessinée et peinture n’existe plus, la bande dessinée s’est affirmée avec les décennies comme un art autonome.
La stratégie de cette vente est ainsi de réunir des œuvres rares, comme le magnifique dessin de l’album Le crabe aux pinces d’or d’Hergé, l’exceptionnelle couverture de La Déviation de Moebius ou bien encore des planches de bande dessinées qui appartiennent à un instant clef de l’histoire du 9ème art. Elle est également constituée de tableaux, de récits complets, d’ouvrages inhabituels comme cet incroyable carnet de poésie de Milou, contenant les premiers dessins d’Hergé. Cette vente s’accorde le temps de citer des artistes qui furent essentiels dans le dynamisme même du graphisme comme le groupe Bazooka qui, à la fin des années 1970, provoqua une onde de choc artistique... Cette vente se veut un catalogue raisonné de la bande dessinée de ses cents premières années ».
Longtemps confinée au monde de l’édition et de l’enfance, restée un ‘art sous condition’ (Moebius), la bande dessinée fait l’objet depuis quelques années de grandes expositions : Robert Crumb au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, Jean Giraud/Moebius à la Fondation Cartier en 2011 et Vraoum à la Maison Rouge en 2009. Résultat de cette lente évolution, nous sommes arrivés à une « croisée des chemins » tracés dès le début du XXème siècle par les Américains Winsor Mc Cay ou George Herrimann, suivis par Hergé, Jijé, Franquin et plus tard par Moebius, Philippe Druillet, Enki Bilal et enfin par toute une jeune génération d’artistes pour laquelle le passage de frontières artis- tiques entre bande dessinée et art graphique n’existe plus.
La vente ouvrira sur le premier ouvrage de Rodolphe Töpffer en édition originale de 1833 qui marque le début de la bande dessinée. L’Histoire de M.Jabot rédigée par ce directeur genevois d’un pensionnat afin de dis-traire ses élèves, incarne une rupture majeure dans la tradition des récits en images. Il fonde véritablement un genre inédit en inventant l’album au- tographié, la planche de bande dessinée enrichie d’un contenu narratif (huit albums - estimation: 16 000-18 000 €).
Un émouvant carnet de poésie contient les deux premiers dessins d’Hergé, alors âgé de 11 ans. Il fut offert à l’élue de son cœur, Mademoi- selle Marie-Louise Van Cutsem surnommée « Milou » où figurent les deux dessins de Georges Rémi (Hergé) datés de 1917 et 1920, les plus anciens connus de sa main. Ce carnet en ses pages détient, à la fois, l’histoire per- sonnelle d’Hergé, et la genèse de son œuvre, préfigurant le futur père de Tintin qui doit renoncer à l’amour qu’il porte à Milou. Dès la fin d’année 1924, Georges Remi prendra le nom de R.G. ou Hergé, et l’année suivante, il entre au XXème siècle de l’abbé Wallez (estimation: 10 000-12 000 €).
Sotheby’s mettra en vente l’une des plus belles couvertures dessinée pour le petit “vingtième”, supplément illustré, auquel participe Hergé dès l’âge de 25 ans. Ce dessin est d’une maturité graphique inouïe, l’épure du trait, le sens de la composition avec ce paquebot « découpant » l’océan donne une dimension nouvelle à l’univers des aventures de Tintin. Hergé ose un pari inattendu : aucun de ses personnages habituels de son univers ne figure sur ce dessin (estimation: 125 000-150 000 €)
Le seul album de la vente sera celui du premier album d’Hergé en 1929, Tintin chez les Soviets, album dont il n’existe que dix exemplaires dans cet état au monde. Cet album rare en noir et blanc dans un état de con- servation exceptionnel est l’un des plus beaux exemplaires à apparaitre sur le marché depuis une dizaine d’années. Le 10 janvier 1929, Hergé débute comme auteur, pour le dessin et le scénario, en publiant les deux premières planches de Tintin au pays des Soviets dans le petit “vingtième”. La documentation est alors la source unique d’inspiration: Moscou sans voiles de Joseph Douillet ou Le Général Dourakine de la comtesse de Ségur. Al- bum controversé avec le temps, Tintin au pays des Soviets est l’album mythique qui fera entrer Hergé dans le Panthéon envié des grands ar- tistes du XXème siècle (estimation : 40 000-45 000 €).
Paru en 1942, L’étoile mystérieuse d’Hergé porte en ses planches le climat de l’époque. La planche mise en vente en est le parfait reflet avec le prophète Philippus prédisant la fin du monde à l’heure où le réchauffement de la planète, le goudron fondant sous les pas de Tintin laisse à imaginer que la fin est proche. Elle est la planche de référence de cet album et figure parmi les planches des Aventures de Tintin les plus emblématiques qui ont marqué l’imaginaire collectif des lecteurs (estimation: 220 000- 240 000 €).
Autre album emblématique Le Crabe aux pinces d’or, 1944, dont la vente comprend un dessin pleine page à l’encre de Chine sur papier, accompagné d’une mise en couleurs originale, datant de la fin des années 1940, et réalisée pour la réédition par Casterman de l’album à colorier. Il s'agit du troisième dessin pleine page, sans bords blancs, de l'édition en noir et blanc de 1941 et qui se retrouve dans les éditions en couleurs de 1943 à 1947. Cette page, mise en scène en une seule case géante, représente Tintin, Milou et le capitaine Haddock courant dans les ruelles de Bagghar, Maroc, à la recherche du méchant lieutenant Allan Thompson. Comme de nombreuses autres scènes des aventures de Tintin, ce tableau exotique s'est gravé dans notre inconscient collectif et inspira les scènes de poursuite du film de Steven Spielberg et Peter Jackson. Le des- sin pour l’album à colorier de 1944, présenté ici, se différencie surtout du hors-texte par sa profondeur, le recadrage de l’action et quelques détails pour faciliter le coloriage. Lorsque Caster- man reprit l’édition des trois albums à colorier, en 1950, le dessin se retrouva, inchangé, dans l’album n°3. La mise en couleurs de cette page, qui accompagne le lot, a été réalisée fin des années 1940 pour cette réédition (estimation pour l’ensemble dessin noir et blanc et mise en couleurs : 235 000 -250 000 €).
Pour les amoureux de Babar, Sotheby’s mettra en vente deux planches originales de Babar et ce coquin d’Arthur réalisées par Laurent de Brunhoff en 1946. Si Jean de Brunhoff, artiste pein- tre, à partir des récits que faisait son épouse Cécile a ses enfants, eut l’idée de publier dès 1931 aux Éditions des Jardins des modes les aventures de Babar, c’est son fils Laurent qui en assurera la postérité. Il publiera son premier album à la fin de la seconde guerre mondiale dont deux planches sont mises en vente. Les aventures du toujours jeune pachyderme se sont vendues à plu- sieurs dizaine de millions d’exemplaires et ont été traduites en 27 langues (estimation : 14 000 – 16 000 €).
C’est dans le numéro 944 du journal de Spirou, paru le 17 mai 1956, que débute une nouvelle aventure de Spirou et Fantasio, Le Gorille a mauvaise Mine par Franquin, qui se poursuivra jusqu’au numéro 966, daté du 10 octobre 1956. A cette période, Franquin est en pleine maîtrise de son talent. Outre Spirou et Fantasio, il a animé les gags de Modeste et Pompon, multiplié les bandes annonces et les publicités. Il s’apprête à lancer son propre personnage, Gaston – Spirou et Fantasio, propriété des Editions Dupuis, qui les ont rachetés à leur créateur, Robert Velter, en 1939. Gaston, « le personnage sans emploi », apparaitra lui en 1957 (estimation: 15 000-17 000 €).
Sotheby’s mettra en vente la couverture du Transperceneige, volume trois, de Jean-Marc Rochette, qui fera l’objet d’une adaptation cinématographique par le réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho. Peu de bande dessinée ont connu un destin aussi exceptionnel jalonné d’événements dra- matiques et de reconnaissance artistique dépassant le monde de la bande dessinée. Ce récit, imaginé par le génial scénariste Jacques Lob, seul scénariste, à ce jour, à avoir reçu le Grand Prix au Festival International de la bande dessinée d’Angoulême (1986), sera porté après bien des péripéties tragiques par Jean-Marc Rochette, qui reprend, en 1982, dans le magazine (À Suivre) Le Transperceneige (estimation: 5 000-6 000 €).
La planche No3 de Billy James où Hugo Pratt revient, après bien des escales à travers le monde, en Italie au début des années 1960 et collabore pour la première fois au Corriere del piccoli de 1962 à 1967. C’est d’après un scénario de Milo Milani qu’il entreprend Billy James publié dans Chouchou, 1965, un magazine de référence des années 1960 issu de la mouvance de Salut les copains. Billy James sera édité en 1980, en France, aux Humanoïdes Associés. Billy James sans préfigurer le destin planétaire de Corto Maltese rappelle le génie graphique d’Hugo Pratt, introduction idéale au monde de créateur (estimation : 12 000- 15 000 €).
Corto Maltese d’Hugo Pratt dont la vente comprend la couverture de Biblipop, 1974, figure probablement au premier rang dans le Panthéon de la bande dessinée. C’est en 1967 que sont publiées les premières planch- es de La ballade de la mer salée où apparaît le légendaire Corto Maltese dans une revue luxueuse, imaginée par Hugo Pratt, Sgt Kirk. Mais la revue s’interrompt en 1969, Corto Maltese reprend ses aventures en 1970 dans Pif Gadget jusqu’en 1992, pour la France, avec la publication de l’ultime al- bum Mu. Selon Hugo Pratt, son héros ne devait jamais disparaître et même poursuivre ses aventures après sa propre disparition (estimation : 15 000- 17 000 €).
Dans cette vente qui lui est dédiée, on découvrira la couverture de l’album La Déviation (Humanoïdes Associés, 1980), moment phare dans l’œuvre de Moebius où l’intensité du bleu, sa profondeur nocturne fait écho au ‘bleu’ d’Yves Klein et marque son retour à la bande dessinée sous le pseud-onyme Gir. Il y a d’abord Jean Giraud, disciple de Joseph Gillain dit Jijé pour La Route de Coronado (1961), une aventure de Jerry Spring, racine du western moderne en bande dessinée. En 1963, il dessine le premier album de la série Blueberry porté par le scénariste Jean-Michel Charlier. Jean Giraud dessine alors dans Hara-Kiri sous le pseudonyme de Moebius. Au-delà de son univers incroyable, du génie de son trait, de sa capacité à inspirer le cinéma, d’avoir porté Les Maîtres du temps de René Laloux au- delà du simple film d’animation, de Tron pour les studios Disney à l’aune des années 1980 au dessin du story board du mythique Dune de Frank Herbert aux costumes pour Alien de Ridley Scott, Jean Giraud/ Gir/ Moebius a su anticiper et surtout formuler ce que la bande dessinée apportait au monde de l’art. L’ultime hommage à la Fondation Cartier en 2011 en a porté l’écho (estimation: 45 000-55 000 €).
Lorsqu'Enki Bilal publie en 1979 Les Phalanges de l'ordre noir, scénario de Pierre Christin, il est déjà un auteur confirmé publiant dans Pilote et Métal Hurlant. Cet album porté par le graphisme personnel d'Enki Bilal est une rupture non seulement artistique mais culturelle qui démontre que la bande dessinée pourrait sortir de sa seule dimension éditoriale. Le célèbre réalisateur Ettore Scola se penchera, longtemps, sur la possible adaptation de cet album. Il constitue la porte d'entrée de la bande dessinée contemporaine et figure comme un album essentiel à la compréhen-sion de l'expression du 9ème art (estimation: 7 500-9 000 €).
L’album complet composé de la couverture et de 64 dessins par Michaël Matthys en 2010, Je suis un ange aussi- I’m an angel too, dépasse également le cadre traditionnel de la bande dessinée. Ce récit se présente sous forme de cases à la fois indépendantes les unes des autres par leur esthétisme et restent dans le même temps indissociables. Ce récit sur la mémoire est un thème récurrent de l’œuvre de Michaël Matthys qui s’affirme comme un auteur de bande dessinée mais égale-ment comme un plasticien. Il appartient à cette génération d’auteurs qui depuis plus d’une décennie franchissent cette frontière supposée entre bande dessinée et art contemporain, entre l’édition et les expo- sitions dans des galeries ou des musées. Ainsi l’œuvre de Michaël Mat- thys a déjà été présentée au Centre Georges Pompidou de Paris. Son imaginaire et l’exigence de sa technique, le fusain en particulier, donnent une nouvelle ambition à la bande dessinée qui trouve à chaque étape de sa création ou de son renouveau (estimation: 9 000-12 000 €).
Exposition
76, rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris 8e
Samedi 30 juin : 10h-18h
Lundi 2 juillet : 10h-18h
Mardi 3 juillet : 10h-18h
Contact :
Paris | 33 (0)1 53 05 53 66 | Sophie Dufresne | [email protected]